Vous avez dit « incivilités » ?

S’il y a bien un fléau qui exaspère la population française aujourd’hui, c’est la montée des incivilités.

Mais qu’est-ce que l’incivilité ? C’est le non-respect de règles de vie qui permettent de vivre en société, dans le respect de chacun. Les incivilités ne blessent pas physiquement les personnes, mais leurs conséquences peuvent avoir des répercussions mettant en danger autrui.

Deux voitures sur trois places !

Une incivilité dans notre société bouscule les règles élémentaires de la vie sociale, règlent qui permettent la confiance : celle qui permet de laisser son vélo à un endroit réservé et d’être sûr de le récupérer par la suite, celle qui fait qu’une personne handicapée prendra sans appréhension un bus car elle sait qu’elle va être l’objet de toute l’attention bienveillante des personnes rencontrées, celle qui fait que nous sommes sûr de retrouver des fleurs dans le jardin public d’à côté où nous avons pris l’habitude de nous installer sur un banc propre et en parfait état pour prendre notre déjeuner, celle qui fait que nous pouvons marcher tranquillement dans la rue en regardant en l’air sans mettre le pied dans une crotte de chien…

Le fait est que nous sommes de plus en plus confrontés aux dégradations volontaires, à l’abandon de déchets, au vandalisme. Nous subissons la détérioration de la qualité de l’espace public qui peut aller jusqu’à créer un sentiment d’insécurité incitant à ne plus nous rendre dans certains quartiers devenus des territoires « interdits ». Si par malheur vous vous y rendez et que vous portez plainte, contre une agression par exemple, il vous sera dit « mais il ne fallait pas aller dans ce quartier ! ». Est-ce vraiment notre attente ? Même les services de secours ne veulent plus intervenir sans un accompagnement policier dans certaines zones. Est-ce normal dans une société dite « civilisée » ?

Comme réponse à certaines incivilités, il est recommandé aux gestionnaires de l’espace public de mener une réflexion intégrant la perspective d’incivilités dans leur choix de mobilier urbain, d’espaces verts… Ainsi l’anticipation est au service de l’incivilité. Elle a des conséquences notamment financières pour la société mais pas que… Par exemple plusieurs municipalités ont fait le choix d’une minéralisation de leur ville parce qu’un simple jet d’eau peut nettoyer l’espace public alors que l’entretien régulier d’espaces verts est devenu trop onéreux : dégradation du système d’arrosage, vol de plantes, déjections sur les pelouses…

Mais trop c’est trop. Et Dame nature se manifeste et nous rappelle que nous avons besoin d’elle. La revégétalisation des villes devient même un enjeu électoral. Face à l’augmentation prévisible de la température, force est de constater que nos ancêtres avaient eu raison d’utiliser la végétation pour s’en préserver. Qui n’a pas fait l’expérience durant un après-midi ensoleillé d’apprécier la fraicheur de l’ombre d’un arbre ?  Alors que faire ?

Pour l’ensemble des incivilités, certains pays appliquent la « tolérance zéro » à tout manquement aux règles applicables avec une sanction dissuasive. En France il y a des lois qui pourraient l’être, mais elles ne sont pas appliquées. Pourquoi ? Faisons-nous trop confiance à l’intelligence collective qui devrait comprendre que tout manquement aux règles a un coût que la société doit payer d’une manière ou d’une autre ? La politique choisit est elle celle qui ne favorisent pas les moyens pour sanctionner les contrevenants ?  Sommes-nous devenus trop laxistes au point d’accepter une certaine tyrannie ?

J’ai découvert un texte qui, me semble-t-il correspond à ce que nous vivons. Je vous invite à le lire et à découvrir son auteur. Vous serez surpris de voir comme le cycle de la vie se répète et que nous ne sommes toujours pas en capacité de le rompre.

Lorsque les pères s’habituent à laisser faire les enfants,
Lorsque les fils ne tiennent plus compte de leurs paroles,
Lorsque les maîtres tremblent devant leurs élèves et préfèrent les flatter,
Lorsque finalement les jeunes méprisent les lois parce qu’ils ne reconnaissent plus au-dessus d’eux l’autorité de rien et de personne,
C’est là, en toute beauté et en toute jeunesse, le début de la tyrannie

Platon, 400 ans avant JC

Extraits d’une plaquette de la Gendarmerie Nationale sur la lutte contre les incivilités (2013)

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