Pas si catholique

Après avoir pris connaissance d’une phrase et d’une vidéo sur mon profil Facebook, je me suis dit qu’il était temps que je vous relate un douloureux épisode de mon enfance qui a abouti à m’interroger la bienveillance humaine et notamment religieuse.

Toutes les religions parlent d’amour de son prochain, de respect, de non violence. Pourtant les hommes, même profondément religieux, n’appliquent pas nécessairement l’ensemble de ces principes.

« Celui qui blesse oublie vite, mais la personne qui porte la cicatrice n’oublie jamais » (auteur inconnu, message du Facebook)

Cette phrase m’a plongé dans mon passé : vers mes cours de catéchisme.

Il y a une trentaine d’année, les crèches et centres aérés n’existaient pas dans les villages et petites villes. Les cours de catéchisme faisaient office de garderie : nous y chantions, prenions connaissance du Nouveau Testament guidés par un adulte bienveillant, goûtions ensemble avec mise en commun des gâteaux ou boissons que nos parents nous avaient donnés pour un moment de partage, nous jouions ou faisions des travaux manuels pour confectionner des objets à offrir ou à vendre pour renflouer les caisses de l’église.

Il y avait un rythme : première communion, communion solennelle… retraite.

C’est au cours d’une retraite de 3 jours que j’ai vécu une expérience dont les traces restent indélébiles et continuent à me perturber.

J’avais à peu près 10-11 ans, étais intégrée dans ma classe. Studieuse, tolérante, j’avais de très bons ami(e)s avec lesquel(les) je jouais dans la cour de l’école : trappe-trappe, marelle, saut à l’élastique. J’étais très fière de moi car malgré mes chaussures orthopédiques j’arrivais à faire les mêmes activités ludiques et sportives que les autres. Ainsi, mon handicap devenait invisible.

Le mercredi de temps en temps, nous nous retrouvions dans l’appartement d’un de mes camarades. Sa maman était en fauteuil roulant et prenait en charge un groupe de 4 à 5 enfants pour nous enseigner le christianisme et le catholicisme. Son appareillage ne lui permettait pas d’accéder facilement au lieu de catéchisme commun, près de l’église.

C’est donc baignés d’amour fraternel, de compassion et de discours prônant la sensibilité au malheur d’autrui, que nous vivions des mercredis heureux.

Puis vint la retraite. 3 jours loin des parents, dans un lieu avec dortoirs et salle à manger commune. Nous étions tous  contents ; c’était une aventure, nous partions du cocon familial pendant trois jours !

A l’arrivée, nous apprîmes que nous allions être répartis par groupes, et que ce groupe composé ne se quitterait pas de tout le séjour. Nous nous réjouissions déjà d’être entre nous pendant 3 jours. Bien sûr il y avait des affinités, des affaires tendres qui allaient pouvoir se concrétiser… Seulement d’autres enfants faisaient la retraite en même temps que nous.

Les groupes furent affichés.

Je me retrouvais avec la maman de mon camarade, en tant que responsable du groupe… et des noms quasiment tous inconnus. Nous nous retrouvâmes dans une salle pour faire plus amples connaissance.

Je ne me souviens plus des prénoms, mais maintenant je suis en capacité de dire leur état : un fille atteinte d’un handicap moteur congénital en fauteuil roulant, un garçon trisomique, une fille autiste de mon village que je connaissais et une autre que je ne connaissais pas.

Mon handicap m’avait rattrapé, j’étais dans le groupe dédié !

Mes camarades ont été très surpris et se sont même exprimés pour dire qu’ils voulaient que je sois dans leur groupe. La réponse a été négative au prétexte que les dortoirs n’étaient pas assez grands. Ce n’est que durant les repas que nous avons pu, un peu, nous voir, et aux soirées. Sinon mon groupe n’était pas en capacité de suivre les jeux de pistes, ballades et activités à l’extérieure dans le parc de la propriété.

Sur le coup, je n’ai pas été choquée, et j’ai été ravie de partager des moments très riches avec mon groupe, ce n’est que bien des années plus tard que j’ai réalisé la cruauté des adultes. La stigmatisation extrême, le besoin de créer des groupes, des castes sur la base de critères bien précis et obligatoirement traumatisants.

Mais surtout dans ce contexte précis de retraite religieuse, là où tous les frères et sœurs devraient vivre en communauté, dans la bienveillance.

Plus tard dans ma vie, j’ai été confrontée à d’autres situations qui ont heurtées  mon éthique chrétienne et l’ont profondément ébranlée.

Pour moi l’Amour est Universel et ne nécessite pas de dogmes pour exister. La tolérance, la bienveillance, la compassion n’ont pas besoin de suivre des règles dictées, mais doivent venir du cœur, de la parcelle de Dieu que nous avons tous en chacun d’entre nous, et de cela j’en suis persuadée.

Malheureusement, notre société aime coller des étiquettes sur les gens et les placer dans des catégories. Je vous invite à regarder la vidéo suivante jusqu’au bout. Elle a été faite par un jeune, qui malgré son âge envoie, pour ma part, un message négatif.

Vidéo :  https://www.facebook.com/glytchfr/videos/413481432406392/