Haïfa et la religion Baha’ïe

On ne revient pas d’Israël sans être enrichie de connaissances, sans vouloir en savoir plus sur ce jeune pays. Ainsi à Haïfa j’ai fait la découverte d’une religion que je ne connaissais pas : la Foi Baha’ïe. Grâce aux dons des disciples, un magnifique palais, dans un écrin de verdure et de fleur qui composent de splendides jardins, domine la baie de Haïfa. J’ai donc fait des recherches sur cette religion qui m’intriguait. Vous trouverez ci-après ce que j’ai découvert.

Quelle est l’origine de la religion baha’ïe ?

La religion bahaïe est née en Iran au XIXe siècle au sein d’un courant chiite messianique, convaincu de l’imminence de l’arrivée du mahdi, le « guidé ». Trois hommes en sont à l’origine.

Le premier, Mirza Ali Muhammad (1819-1850), était marchand à Chiraz lorsqu’il a été identifié comme mahdi : désormais surnommé le Bab, autrement dit « la porte ouvrant vers un autre à venir ». Il est le fondateur du « babisme ». Arrêté en raison des troubles suscités par ses adeptes appelés à se détacher de l’islam, il est fusillé.

Le deuxième est Mirza Husayn Ali (1817-1892) : contestant à son frère cadet son titre d’héritier du Bab, il s’affirme très vite comme l’homme fort de la communauté. En 1863, au cours d’une retraite, il se déclare Baha u’llah, « splendeur de Dieu », celui qu’annonçait le Bab, et demande à tous les babis d’accepter son enseignement comme « paroles divines abrogeant les révélations antérieures ». Le conflit entre les deux frères prend de telles proportions que le Baha u’llah et ses fidèles sont exilés en Turquie puis à Saint-Jean d’Acre (Israël). Accueillant les pèlerins, secourant les pauvres, son rayonnement spirituel s’étend néanmoins jusqu’à l’Occident. Sa dépouille est ensevelie sur le mont Carmel, raison pour laquelle le siège des bahaïs se trouve en Israël, à Haïfa.

À sa mort, et alors qu’il avait désigné son fils aîné comme successeur, un nouveau schisme divise violemment la petite communauté. Sous la conduite d’Abdul Baha (1841 ou 1844-1921), le « serviteur de Baha », le mouvement s’étend notamment aux États-Unis, mais aussi en Europe. Avant de mourir, le petit-fils d’Abdul Baha, Shoghi Effendi, devient le « gardien » du mouvement. Il a dirigé la communauté bahaïe de 1921 à sa mort – sans enfant –, en 1957. Depuis, deux institutions principales gèrent le mouvement : les 27 membres nommés « mains de la cause de Dieu » par Shoghi Effendi, et la Maison universelle de justice créée après sa mort, organe législatif et exécutif, « suprême et infaillible » de la communauté.

Déclaration solennelle de Shoghi Effendi sur la religion Baha’ïe

 « Un système de fédération universelle qui régira la terre entière et exercera sur ses ressources, d’une inimaginable ampleur, une autorité à l’abri de toute discussion, qui incarnera tout ensemble l’idéal de l’Orient et celui de l’Occident, qui sera affranchi de la malédiction de la guerre et de ses misères, et qui tendra à l’exploitation de toutes les sources d’énergie disponibles à la surface de la planète, un système dans lequel la Force sera mise au service du Droit et dont la vie sera soutenue par la reconnaissance universelle de Dieu et le ralliement à une Révélation unique, tel est le but vers lequel les forces unifiantes de la vie poussent l’humanité! »

Sur quoi est basée la Foi des bahaïs ?

Cette Foi mise en pratique doit aboutir à la réalisation des douze principes suivants :

  1. Unité de Dieu et de ses prophètes,
  2. Unité du genre humain,
  3. Recherche personnelle et indépendante de la vérité,
  4. Religion, cause de l’union des peuples,
  5. Accord de la religion avec la science et la raison,
  6. Abandon des préjugés de toutes sortes,
  7. Éducation universelle et obligatoire,
  8. Égalité de l’homme et de la femme,
  9. Langue auxiliaire universelle,
  10. Solution spirituelle des problèmes économiques,
  11. Tribunal international,
  12. Paix universelle.

Aujourd’hui

La Foi Mondiale Baha’ie connaît un développement impressionnant, malgré la persécution dont elle est l’objet dans certains pays totalitaires ou musulmans. Elle est présente dans 340 pays. On compte près d’un million de bahaïs en Inde et 350 000 en Iran, 60 000 à Téhéran. L’Europe n’abrite pas trop de Baha’is. Ils ne sont que 1 000 en Suisse, 2 000 en Allemagne, et 5 000 en.

Dans 165 pays, existe une Assemblée Spirituelle Nationale.

La littérature baha’ie est traduite et publiée dans 705 langues et dialectes. Les Baha’is possèdent dans le monde 120 écoles et instituts. Les Baha’is se réunissent le dimanche et en semaine pour la lecture et la méditation de la littérature baha’ie. 

Ce n’est pas une Foi tapageuse, elle est discrète. Elle insiste sur la monogamie, la chasteté et la décence, elle décourage le divorce et encourage la vie de famille. Elle exige une haute moralité et la droiture dans toutes les affaires. Tout travail doit être accompli dans un esprit de service et d’adoration. Il n’y a ni baptême, ni sainte cène, mais 19 jours de jeûne par an. Les membres s’abstiennent d’alcool, de drogue et refusent de participer aux jeux de hasard. Le mouvement vit grâce à la générosité des fidèles.

Depuis 1948, la Foi Mondiale Baha’ie est accréditée auprès de l’O.N.U. comme organisation internationale non-gouvernementale. Elle a un statut consultatif auprès du Conseil Économique et Social et de l’U.N.I.C.E.F.

Même s’ils étaient considérés comme des musulmans hérétiques, les bahaïs ont été relativement épargnés en Iran sous le règne des Pahlavi. Leur situation s’est nettement dégradée depuis la révolution islamique : la Constitution votée en 1979 les a privés de leurs droits civils et politiques, leurs propriétés ont été confisquées, leurs sanctuaires et leurs cimetières profanés… Leur religion est actuellement interdite.  « Affirmer que Mohammed n’est pas le dernier prophète et que les femmes sont les égales des hommes est insupportable pour les ayatollahs », regrette la représentante des bahaïs en France. Ainsi, en mai 2017, Faezeh Hachemi, fille de l’ancien président iranien Akbar Hachemi Rafsanjani, a été violemment critiquée après avoir rendu visite à Fariba Kamalabadi, ancienne responsable bahaïe. Emprisonnée depuis 2008 (avec six autres leaders bahaïs condamnés en 2010 à dix ans d’emprisonnement), celle-ci bénéficiait d’une permission à domicile.