L’évolution…
Celle de notre société, de nos valeurs, de nos traditions… qui se perdent ou se modifient au fil des ans.
« Ah de mon temps ! ». Qui n’a pas entendu cette phrase ou ne l’a jamais prononcé ?
La société du 21ème siècle s’émerveille des vestiges du passé mais ne veut pas laisser de traces.
Pourquoi ?
En cette période de Toussaint, fête religieuse chrétienne, cette vérité est encore plus flagrante. Nos cimetières ne sont plus autant fleuris qu’il y a ne serait ce qu’une dizaine d’année en arrière. Certaines tombes et caveaux sont abandonnés, plus personnes pour se recueillir devant ses édifices, ces monuments à l’architecture travaillée symbolisant respect, fortune et rang social.
Que s’est-il passé ?
En 1980, 1% des obsèques faisaient l’objet d’une crémation en France, en 2010 elle est passé à 30%, en 2017 à 36% et un sondage IPSOS confirme cette augmentation régulière avec 51% des Français qui disent envisager la crémation à l’inhumation.
Phénomène de société ? Si au départ la crémation était dénoncée par les catholiques qui voulaient être enterrés comme le Christ, de nombreuses démarches furent nécessaires avant que l’Église Catholique ne lève l’interdit de la Crémation dans un décret du 5 juillet 1963 indiquant « que l’incinération du corps n’affecte pas l’âme … Il ne s’agit pas d’une pratique intrinsèquement mauvaise ou, de soi, hostile à la religion chrétienne ».
Mais l’augmentation des crémations est un phénomène lié à de multiples causes. La baisse de la pratique religieuse en est une, mais aussi celle des choix sociaux faits de son vivant avec comme objectif de ne pas être une charge pour ses proches notamment financière. S’ajoutent dans les consciences des choix écologiques : protection de l’environnement, hygiène, moindre occupation de l’espace. Et le choix économique puisque qu’une crémation coûte 1 000 € moins cher en moyenne.
Nombreuses sont les familles qui récupèrent les cendres et les dispersent en un lieu décidé par le défunt. Et après…
Le jour de la Toussaint, nous avons essayé de retrouver un emplacement dans un immense cimetière, sans vraiment de données pour le retrouver. L’occasion de se promener dans des allées plus ou moins bien entretenues.





Pourquoi se désir de retrouver une trace de nos ancêtres ? Par jeu tel Indiana Jones à la recherche d’une tombe perdue ? Pour se recueillir sur un lieu où repose un être que nous avons connu ou pas, mais qui a un lien avec notre famille, nos racines ? Faire monter des émotions face au constat que la vie est courte ?
Emouvant ce parcours dans cet endroit si calme, présentant au vent de véritables œuvres d’art, des caveaux pittoresques à l’image des défunts, des tombes aux multiples courbes, arabesques, croix, statues, épitaphes… symbolisant une période de passage d’un être cher sur cette terre. Cet être qui a eu l’attention de son entourage qui a pris soins de son enveloppe charnel en le déposant un lieu précis et indiqué et sans doute en pensant « je ne vous oublierai jamais ».





Des décennies plus tard, si les noms gravés dans la pierre n’ont pas été polis par la pluie, le vent et le soleil, des personnes pourront savoir que la famille Dupont repose en ce lieu, qu’ils ont eu un enfant mort jeune qu’ils ont dû pleurer, mais qu’ils en ont eu d’autres durant la guerre. Curieux donc le père n’était pas parti comme soldat ? Pourquoi ? Père de famille nombreuses ? …
Qu’est ce qui nous a poussé à rechercher cette tombe ?
Malgré l’évolution et la course folle dans laquelle nous sommes entrainés quotidiennement, nous avons besoin de regarder en arrière, de revenir à nos racines, nous avons besoin de nous recueillir et, symboliquement, avec une fleur, un objet, une image… montrait au ciel et aux oiseaux que nous sommes reconnaissants envers nos ancêtres sans qui nous ne serions pas.
Devoir de reconnaissance.
Besoin d’ancrage…