C’est pour accompagner une amie que nous avons pris la route vers Toulon, mardi dernier, pour rencontrer Amma. Curieusement, depuis quelques temps j’avais été confrontée à une succession de rencontres où son nom avait été prononcé, comme si de petits cailloux blancs avaient été posés sur mon chemin pour m’amener jusqu’à elle.
Si la vie essaye de me guider vers le « lâcher prise », vers l’acceptation que tout, ce qui se passe en nous ou à l’extérieur de nous, n’a pas nécessairement d’explication concrète, j’ai du mal, avec mon esprit pragmatique, à accepter ce que je ne peux voir, ce que je ne peux toucher, ce que je ne peux expliquer.
C’est donc l’esprit curieux que je me rendais à cette rencontre après avoir entendu différents témoignages sur cette femme, notamment de personnes qui me sont proches. Voulant conserver mon esprit critique, je n’avais pas effectué de recherches complémentaires.
Cependant j’avais appris que l’ensemble des organisateurs et hôtes étaient tous des bénévoles. Dès notre arrivée j’ai ressenti une ambiance bienveillante, respectueuse, accueillante, un contraste avec le monde l’extérieur… nous étions dans une bulle de confort.
Nous avons déambulé dans la zone des stands alimentaires et d’accueil pour essayer de comprendre comment faire pour avoir un ticket qui nous permettrait de participer au fameux Darshan (étreinte). Cela a été un peu laborieux pour enfin intégrer que des files d’attente allaient se former de part et d’autre de l’entrée principale et qu’il faudrait attendre longtemps avant d’avoir un ticket. Les files n’étant pas encore constituées, nous sommes rentrées dans la salle du Zénith.
Sur les gradins, des centaines de personnes assises qui méditaient ou regardaient des écrans diffusant en live Amma qui prenait inlassablement les personnes dans ses bras quelques secondes, le visage serein, souriant, en ouverture sur le monde… je voyais une personne qui semblait vivre dans un univers parallèle. Présente sur scène depuis 10h00, il était près de 16h00 : aucune fatigue, aucun signe d’inconfort. Etre pragmatique ! D’accord mais comment fait-elle ?
En bas de la scène, dans la fosse du Zenith, des chaises, des musiciens et chanteurs, et deux rangées de chaque côté où les personnes avancent rang après rang pour aller étreindre Amma au gré du numéro du ticket qui leur a été donné.
L’autre espace aménagé est celui des différentes associations caritatives et humanitaires qui gravitent dans le monde d’Amma. On y trouve aussi des boutiques de livres, bijoux, vêtements, icônes… On vous indique que toutes les sommes perçues sont reversées à la fondation d’Amma. Tout est mis en vente pour procurer des devises permettant d’aider les personnes en souffrances. Le message est clair : Amma réinvestit tout ce qu’elle perçoit dans des œuvres humanitaires : pensions versées, gestion d’orphelinats, d’universités, présence active dès qu’il y a une catastrophe dans le monde. Pour appuyer ses explications, des films sont diffusés où nous voyons cette femme participer à la livraison de sacs de riz, accueillir des enfants dans ses centres avec toujours la même expression de bienveillance et une certaine candeur dans le regard. Mais comment fait-elle ?
Après le premier Darshan et une courte pause, Amma revient pour une phase d’enseignement, un temps de partages d’expériences et de conseils donnés dans le cas de situations concrètes.
Amma n’est pas hors du temps, mais bien à l’écoute du monde actuel. Portée par son amour inconditionnel pour l’humanité, ses conseils relèvent de la bienveillance, ses messages sont ceux qui ne peuvent qu’amener la paix et le partage et relèvent du bon sens : elle-même est pragmatique et apporte son aide concrète au plus près des besoins. Cela provoque mon ébahissement puis après intégration et réflexion, mon admiration.
Alors NON ! Les personnes qui gravitent autour d’elles ne forment pas une secte, NON ! Ce n’est pas un gourou. L’amour inconditionnel est sa foi, foi qu’elle a dans l’humanité. Elle considère chaque être humain comme son propre enfant aucune ségrégation, aucune mise à l’écart et dans les histoires qui sont racontés, nous sentons bien son humanité universelle et bouleversante. Et si tout le monde s’aimait et se respectait, si nous arrêtions d’être envieux au point d’écraser notre prochain, de détruire notre environnement. Si nous arrêtions cette course au « toujours plus », voulant engranger toujours plus de biens matériels qui nous nous apportent, au final, guère plus de satisfaction mais finissent par polluer notre planète ? Et si son attitude était celle que nous devons tous avoir pour guérir le monde ?
Nous sommes arrivées à 16 h et sommes reparties à 3h du matin, sans ressentir aucune fatigue, en étant heureuses d’être là, de rencontrer des gens, de discuter, de méditer, de chanter ou d’écouter des chants. Certains dansaient pieds nus enthousiastes, d’autres chantaient joyeusement. Nous avons dîné d’un repas indien végétarien, bu une décoction de citron, miel et gingembre, passé du temps l’une avec l’autre, sans contrainte du temps. Nous étions là, présentes sans aucun autre souci que celui de se sentir bien, en attente du Darshan.
J’ai pu bénéficier, pour une somme modique, d’un massage ayurvédique effectué par un professionnel, bénévole durant trois jours pour apporter réconfort et bien être à ceux qui en avaient besoin. De temps en temps une personne portait un panneau avec une inscription « besoin de deux personnes pour faire la plonge », « besoin d’une personne pour éplucher les légumes » et les participants, au gré des disponibilités qu’ils pouvaient donner, se mêler à l’équipe de bénévoles, le temps d’un Seva (service désintéressé).
Puis est venue l’heure du Darshan. Vous devez vous présenter devant Amma sans chaussure, ni sacs, avec une offrande si vous le désirez. Tout est organisé : espaces de rangement des chaussures, bagageries, explication sur le rituel pour atteindre Amma.
Pour moi qui suis surtout dans le don, il m’était difficile de me dire que j’allais recevoir l’étreinte d’Amma. C’est donc avec une rose odorante et l’envie de lui donner également de l’amour que je me suis présentée à elle.
Ce que j’ai ressentie n’est difficilement descriptible : une sensation d’énergie qui me remplissait, anéantissant mon envie de partage, une sensation de bien être dans les bras de cette femme qui sentait curieusement une odeur de fleurs et de fraicheur. L’impression que le temps s’était suspendu. Sa voix emplissant mon être « ma chérie, ma chérie, ma chérie… ». J’avais été dans le bras d’une divinité vivante.
Oui cette expérience est bouleversante et je ne peux et ne veux pas, non plus partager tout mon ressentie avec vous. L’expérience de la rencontre avec Amma est individuelle et personnelle. Un écho à nos questionnements, à notre vie. Chacun la reçoit comme un don inconditionnel, et même aux sceptiques, je les encourage vivement à venir la rencontrer. C’est une aventure unique.
Nous avons échangé avec des personnes qui viennent chaque année la voir depuis 20 ans, car l’amour qu’elle donne est tellement nourrissant qu’on en devient presque addicte. Cet amour qu’elle transmet donne l’envie d’aimer à son tour, de revenir à des besoins plus mesurés, plus en adéquation avec le respect des autres et de notre planète.
Oui, je retournerai voir Amma et je vous invite à en faire de même.
Pour en savoir plus :
http://www.amma-europe.org/french/
https://www.couleur-indienne.net/AMMA-la-mere-de-la-Compassion_a118.html