Les chaussures orthopédiques… c’est pas sexy

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Par un malheureux concours de circonstances, un accident de la vie, un mal-heurt…je suis obligée de porter des chaussures orthopédiques depuis mon plus jeune âge.

Mon enfance a été bercée par les moqueries de mes petits camarades, par des jeux auxquels je ne pouvais participer, par une stigmatisation abusive des adultes qui n’hésitaient pas à faire des groupes d’enfants « handicapés » et nous contraindre à des activités inintéressantes. J’ai donc appris très jeune qu’être différent n’était pas synonyme de facilité d’intégration dans un groupe.

La visibilité de la différence influe sur la perception que les gens vont avoir de la personne ayant un handicap. Ainsi en 1970, les fauteuils roulants pour enfant de 3 ans n’existant pas, ma mère était contrainte de me véhiculer en poussette jusqu’à l’école.

Vous savez les « poussettes » que l’on utilise pour les petits enfants qui ne savent pas encore marcher …d’où l’installation progressive dans l’esprit de mes petits camarades que j’étais une enfant « attardée », en tout état de cause « différente ». Curieusement, cette idée en germination dans ces petites têtes, a poussé jusqu’au moment où j’ai pu changer d’environnement scolaire… à l’arrivée au lycée… bien des années plus tard. Pour dire que les idées construites ont la vie dure !

Pourtant j’étais une « bonne » élève, studieuse, attentionnée, travailleuse… ben oui, normal, mise au ban de la « société en culotte courte », j’avais pris l’option de me faire remarquer par mes prouesses scolaires.

Quand j’ai pu à nouveau marcher, il m’a fallu des chaussures orthopédiques.

Visite avec le médecin conseil, file d’attente interminable pour avoir la prise en charge… puis la boutique de l’orthoprothésiste.

Bien installée sur une sorte de trône, dans une petite pièce entourée de rideaux rouges. Mes parents à proximité. On prépare mes pieds pour en faire des moulages, on trace leurs contours sur une plaque en passant un crayon tout autour… ça fait des chatouilles !

Et puis comme j’ai été très sage, le monsieur a dit que j’avais droit à un « gros petit bonbon ! ».

J’allais prendre l’habitude de ces « gros petits bonbons », mais pas des moqueries des camarades de classes qui ne savaient comment réagir dans la cour de récréation, face à cet appareillage qui était plus discret l’hiver mais pas l’été. Quand la chaleur faisait que mes jambes, restées dénudées  sous ma robe, étaient, à partir du bas mollet, dans un carcan en cuir et lacet.

Oui je suis consciente que maintenant, c’est devenu à la mode notamment pour les « gothiques » mais à l’époque cela ne l’était pas !

Le temps a passé, j’ai grandi et je n’ai plus voulu de chaussures orthopédiques, plus voulu de regards interrogateurs, moqueurs ou compatissants envers cette singularité qui m’isolait des autres.

Les années ont passé, je n’ai pas compté les blessures des chaussures inappropriés, les douleurs dorsales qui s’installaient jusqu’au jour où, les douleurs lombaires et cervicales trop persistantes ont suggéré à mon nouveau médecin traitant de me prescrire un scanner dorsal, puis cervical… le diagnostic était sans appel : protrus à tous les étages et hernie cervicale franche. Le traitement était, aussi, sans appel : chaussures orthopédiques et soins kinésithérapiques.

Je suis retournée à la boutique des « gros petit bonbon », elle n’avait quasiment pas changé, les chaussures non plus !!! Impossible à plus de 40 ans d’avoir des chaussures dont l’allure était étiquetée « chaussures orthopédiques ». Trop difficile à supporter malgré des tenues qui essayaient de cacher l’appareillage.

Le bon-heurt de l’histoire fut la rencontre d’un médecin spécialisé en rééducation et en réadaptation douée d’une grande bienveillance et d’un professionnalisme humain qui me confia à un  podo-orthésiste de génie. Je lui demandais de pouvoir dessiner mes modèles. Le défi lui plut et cela fait maintenant plus de 12 ans que chaque année je lui présente une idée différente : bottines, baskets… Et lui, il arrive à faire des modèles que nul n’est capable de penser, d’emblée, qu’ils sont adaptés.

Un grand merci à ce faiseur de miracle qui m’enchante à chaque renouvellement annuel de chaussures !

Maïoli

Mon conseil, mes astuces:

  • Si vous êtes dans mon cas, n’hésitez pas à demander à votre podo-orthésiste d’avoir des modèles seyants et en accord avec vos goûts : présentez-lui des modèles que vous trouvez dans la presse si vous n’avez pas d’idée.
  • Prenez soin de vos chaussures : nettoyage, cirage, sortir les semelles régulièrement pour les aérer. Au plus vous les garderez, au plus vous aurez du choix au cours des années. Nous n’avons droit qu’à une paire prise en charge par l’Assurance maladie par an. J’en ai actuellement une dizaine qui font l’objet de toute mon attention.
  • Attention pas de possibilité de prise en charge de modèle « été » plus découvert. J’avais dessiné un modèle (payé 700 €) mais au final, la chaussure me blessait et n’était pas esthétique.
  • Dans la rubrique « Catalogue », retrouvez quelques-uns de mes modèles, ainsi que des astuces pour les modifier et les accorder à vos tenues.

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