Et voilà, petit incident de la vie et je suis nantie de deux béquilles pour garder mon autonomie. Bon. Ce n’est pas grave, je vais me muscler les bras (que je trouve déjà trop gros), le dos (j’en ai besoin), les cuisses, les fessiers… Non, c’est trop demandé.
En tout cas, c’est dans des moments comme cela que l’on se dit que l’on a quelques kilos en trop…qu’il faut porter à bout de bras. Finis les mains douces, bonjour les ampoules et les callosités, un remède : les mitaines de vélo. Mais oui, ne vous inquiétez pas, je suis sûre que je vais lancer une mode.
Un peu de courage, ce matin au programme : amener les enfants à l’école, prendre le bus (à 8h30) pour aller chez le kinésithérapeute (8h40), reprendre un bus pour être à l’heure au travail (9h30). Bon. Si tout se passe bien je vais pouvoir y arriver, tenue idéale pour marathon : jupe ample provençale (permettant une aération des parties de mon corps qui, dans l’effort, ont tendance à transpirer), dos nu (parce que le sac à dos cela tient chaud. Un conseil : quand on a des béquilles, le sac à dos est l’accessoire idéal pour pouvoir porter tout ce qu’une femme, digne de ce nom, a à prendre avec elle !) et mi-bottes (chaussures orthopédiques indispensables, quand on fait les choses on ne les fait pas à moitié).
Première étape : les enfants. Mais ils sont tellement contents de se « sentir » libres d’aller à l’école sans adulte avec eux, que ne ce n’est pas un problème.
Attente du bus.
Des voitures sont garées sur l’emplacement réservé à l’arrêt du bus. Génial ! Il va falloir que j’aille sur la route.
Je sors mon ticket, le tiens avec les dents (car avec des béquilles, je n’ai pas d’autres solutions). Le bus est à l’heure. Je monte. Clac ! me répond la poinçonneuse, mais voilà qu’elle ne veut pas me rendre le ticket, il se déchire dans l’appareil. J’avais pourtant miraculeusement réussi à ne pas faire tomber mes béquilles le temps de présenter mon ticket !
« Heu ! Excusez-moi Monsieur, mais j’ai bien peur d’avoir cassé votre machine ». Le conducteur n’a pas le sourire facile. Je vous assure que je suis vraiment navrée, mais que puis-je faire. Heureusement j’ai mon couteau suisse avec une pince à épiler, mais cela ne convient pas. On perd du temps. Finalement, le conducteur arrive à démonter la machine pour sortir le ticket. Les passagers à ma proximité sont sympas et un gentil monsieur me rassure et me dit que cela lui est déjà arrivé. Ouf ! Cela me rassure parce que mon fils me surnomme « porte poisse ». Un autre monsieur me fait remarquer gentiment que lui n’a pas ce problème ; à la retraite il bénéficie de la gratuité des transports publics. Bon. Bref. On repart.
8h45, je suis chez le kiné, qui de toute façon a du retard. « Alors toujours les béquilles ? Eh bien on va masser le mollet ».
Qu’est-ce que c’est agréable…Hum…Euh ! Non pas là ! Là c’est un peu douloureux.
« Ah oui, on le sent au toucher, mais il faut masser ici c’est là que cela fera le plus de bien, il faut décontracter les muscles ». Si il le dit. Moi je l’aime bien mon kiné, mais ce n’est pas lui qui a mal. Pour la peine, il masse l’autre jambe aussi ; il ne faudrait pas qu’à force de faire le travail de l’autre, celle-ci devienne également douloureuse.
9h15, je suis dehors, en route pour essayer d’attraper le bus qui me mènera à proximité de mon lieu de travail. Tiens c’est lui au fond de l’avenue, il est arrêté au feu, à l’arrêt il y a à peu près 6 personnes, j’en suis à 15 m (à peu près 17 coups de béquilles, oui j’ai acquis une bonne maîtrise de la béquille), je me mets à gauche de la route (comme çà, je suis sûre que le conducteur va me voir me démener pour monter dans son bus). Le mistral s’est levé, ma jupe vole dans tous les sens, j’ai une allure digne d’un Tex Avery : Petite brune cheveux au vent, « courant » avec des béquilles, essayant de contrôler les volants de la jupe provençale qui menacent le « dénudage » jusqu’au string… Non mais quelle allure !
Et là le plus drôle : le bus qui me frôle, m’évite (heureusement), le conducteur tourne négligemment la tête et suis son chemin !!!
J’ai mal évalué ma vitesse pour atteindre l’arrêt, il me manquait 5 m ! Tout le monde dans le bus me regarde ! Non mais, quel …ce conducteur ! Prochain bus dans 25 mn, autant dire que je vais être en retard à mon travail.
Pas de panique. Râlons un peu cela fait du bien, et prenons la Diabline (voiture électrique qui parcours le centre-ville) qui me laissera à 200 m de mon lieu de travail (200 m en pente, et en béquille c’est le plus difficile à gérer : penser à contrôler l’équerre que fait les bras pour ne pas basculer en avant, que du bonheur !).
Dans la Diabline, je prends le temps d’appeler ma collègue de travail pour signaler mon retard certain. Départ dans 5 minutes.
C’est bon on démarre, en plus si le parcours se fait rapidement, je pourrai rattraper le bus de l’autre côté de la ville et comme cela je n’aurai pas les 200 m à faire. Le rêve.
« Porte poisse » : la Diabline est bloquée par les livraisons qui ont lieu dans les restaurants et bars du centre ville, les voitures klaxonnent, les gens crient et s’énervent.
Mais là, chapeau aux différents conducteurs des Diablines, car ils sont tous agréables, gentils et serviables, qualité que l’on a tendance à ne plus trop rencontrer de nos jours. La conductrice prend son talkie-walkie et appelle ces collègues, le prochain départ prendra un autre itinéraire et je n’aurai que quelques mètres à faire pour « sauter » dedans. OK ! je reprends mais béquilles, au point où j’en suis.
Tient, une autre Diabline qui était bloquée quelques véhicules plus loin. Mais elle démarre, je suis juste derrière. Allez je tente : « S’il vous plait ! » et le miracle à lieu, la Diabline s’arrête et je peux monter dedans. Mieux ! quelques minutes plus tard, la conductrice au talkie-walkie qui s’inquiète de savoir si un de ses collègues a bien réceptionné sa cliente en béquille !
Bon. Je n’ai pas rattrapé le bus, et je suis arrivée au travail à 9h50, du coup je me suis octroyée une pause de 5 mn pour un bon café, et j’ai pris mes fonctions à 10h.
Vive les Diablines, mais franchement pourquoi ce nom : bon c’est sûr Ange-ine (Angine) cela ne le faisait pas du tout, Ange-ligne : voilà c’est quand même mieux ! Il va falloir que j’en fasse la proposition à notre municipalité.
Mon conseil, mes astuces
- Adoptez les mitaines de vélo
- Mettez vos papiers dans un sac revolver ou adopter l’Echarp’sac© (rubrique « Catalogue »)
- Prenez un sac à dos pour y mettre le reste
- Pour ne pas faire tomber les béquilles, rendez-vous dans la rubrique « Trucs et Astuces »
- Préférez les pantalons !